Edward Bernays et John Carpenter 📌 le propagandiste et le militant 2/2

Quel lien entre Propaganda et Invasion Los Angeles ?
En préambule, le synopsis du film, pour ceux qui ne le connaissent pas :
John Nada parcourt les routes à la recherche d'un emploi comme ouvrier sur les chantiers. Embauché à Los Angeles, il fait la connaissance de Frank Armitage, qui lui propose de venir loger dans son bidonville. John va y découvrir une paire de lunettes de soleil hors du commun : elles permettent de voir le monde tel qu'il est réellement, à savoir : gouverné par des extraterrestres ayant l'apparence d'humains et maintenant ces derniers dans un état apathique au moyen d'une propagande subliminale omniprésente. (Wikipédia)
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La première fois que j’ai vu ce film, à part des extra-terrestres planqués sous une apparence humaine, et une bagarre phénoménale, je n’avais aucune idée de ce que je venais de voir. Rien. Que dalle. Nada... Aujourd'hui, pour tout dire, je ne me rappelle même pas si je l'ai vu au cinéma ou sur Canal+, c'est dire. On était à la fin des années quatre-vingt, l’Internet était dans les tuyaux mais encore inconnu du grand public, deux décennies s’écouleraient avant que n'éclate la crise financière de 2008, je ne m’intéressais pas ou peu à la politique et, comme tous les jeunes actifs, j’avais le nez dans le guidon. Alléluia ! En ce temps-là, plutôt intéressée par des films tels que : 2001, l'Odyssée de l'espace, Alien, le huitième passager, ou même Scanners, je suis passée complètement à côté d'Invasion Los Angeles (They live).

Ce n’est que bien plus tard, alors que je furetais sur Internet en quête d’un film de S.-F. à mettre dans mon panier virtuel, que je croisais de nouveau Invasion Los Angeles. La critique d'un internaute m’apprit que j’avais plusieurs trains de retard. Là où je n’avais su voir qu’un nanar, le film de Carpenter était en fait un réquisitoire déguisé contre la politique américaine de l’époque, et dénonçait la dérive du capitalisme libéral de bon-papa vers l'ultra-libéralisme hautement toxique et destructeur des cadors de la haute finance internationale. C’est en lisant cela, que j’ai compris le message du film – mais c'est... bien sûr ! –, à savoir : l'ultra-financiarisation du monde, et les dommages qu’elle lui inflige avec un consumérisme sauvage et sans cesse en expansion – à l'image du désir, qui ne peut jamais être assouvi –, téléguidé par une savante manipulation des cerveaux. Pour toujours plus de profits. Se foutant royalement de l’immanquable catastrophe qui en découlera pour les hommes et la planète – surtout pour les hommes, puisqu’il n’y a plus de terra incognita à découvrir pour s'y réfugier. La planète, elle, en a vu d’autres. Voilà quel est le lien avec Propaganda, le livre d'Edward Bernays.

Lire Propaganda, c'est avoir la possibilité d'ouvrir les yeux. Peut-être. Mais rien n’est moins sûr. Il y a loin, de la de conscience de surface, à l’éveil réel. C’est en ce sens que la scène de bagarre prend tout son sens (voir la vidéo plus bas), entre John Nada et Franck Armitage – quand le premier veut faire porter au second les lunettes « magico-révélatrices », afin que celui-ci voie de ses propres yeux le fléau qui frappe l’humanité – a beaucoup d’intérêt dans le film Invasion Los Angeles. Avec cette scène, John Carpenter essaye de démontrer combien il est difficile, voire impossible, de révéler une vérité à quelqu’un qui, précisément, a été conditionné pour ne pas voir cette vérité.
©Marguerite Rothe
Ressources documentaires et autres
Fiche Wikipédia d'Edward Bernays
Vidéo : Edward Bernays, père de la propagande moderne. (4:28)
Psychologie des foules, de : Gustave Le Bon
Extrait de l'article de Sandrine Aumercier : Bernays, agent de Freud
Sur Agoravox, article de Romaric Thomas : La manipulation de l’opinion publique selon son inventeur
*Larousse étymologique.
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